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Le
savoir (*)... à petites doses
![]()
N’avez-vous
jamais rien appris en regardant les Simpson ? Que ce soit un mot
anglais en regardant la version originale, la biographie de Thomas
Edison, ou la monnaie de l’Albanie – le Lek -, il y a toujours des
informations à piocher dans un épisode des Simpson. Bien sûr, il serait
absurde de dire que Les Simpson soit une émission pédagogique, que son
but soit uniquement didactique. Qui oserait l’affirmer? Le but premier
de la série est selon moi la caricature du réel, et donc, par ce
procédé, de faire rire le téléspectateur.
Pourquoi donc écrire un article sur le savoir dans les Simpson ? Principalement pour saluer le travail des scénaristes, qui parsèment chaque épisode de savoirs scientifiques (une vingtaine de scientifiques travaillant sur la série)2, historiques, artistiques ou géopolitiques : d’après l’excellent ouvrage Les Simpson et la science, de l’italien Marco Malaspina, « les scénaristes ont l’habileté d’accélérer le rythme des dialogues, jusqu’à les rendre presque inintelligibles, réduisant de ce fait pratiquement à zéro le danger que les téléspectateurs apprennent quoi que ce soit. ». Le but de cet article est ainsi de vous inciter également à faire attention à ces petits détails qui peuvent vous faire comprendre un tas de choses sur à peu près tous les sujets possibles, et à aller à l’encontre de la volonté de ces scénaristes. Comment est donc diffusée l’information aux téléspectateurs ? Comment le savoir est-il traité entre les personnages ? Saupoudrage de connaissances En ce qui concerne la transmission des connaissances aux téléspectateurs, nous remarquons que des savoirs importants sont affichés, mais débités à toute vitesse, si bien que l’information n’a pas le temps d’être mémorisée, assimilée, ni même parfois « entendue » dans les deux sens du terme. Parmi ces savoirs débités à toute vitesse, voici quelques exemples que nous pourrions retenir. Dans Mini golf, maxi beauf (s2), Lisa prépare son frère physiquement et mentalement au tournoi de golf qu’il devra disputer face à Todd Flanders, en lui enseignant les principes de la géométrie, de la nutrition ou des philosophies orientales : on apprend alors de la bouche de Bart la définition du Nirvana : « état de béatitude atteint par l’effacement du moi », récité sans hésitation parmi d’autres réponses qu’il donne à sa soeur sur les techniques pour appréhender les 8ème et 12ème trous et qui ne nous apportent aucune information utile. Dans L’indomptable (s17), nous assistons à un combat entre trois entités du cerveau d’Homer : Homer le fêtard – qui pourrait représenter les émotions, la recherche du plaisir, ou la pulsion de vie - ; Homer le flic - qui représenterait la conscience morale, le surmoi - ; Homer l’intello – la raison, voire l’entendement -. Ce dernier, qui a été tué par Homer le flic, a toutefois laissé un message avant de mourir : « l’ontogénie résume la phylogénie ». Une phrase très difficile à comprendre pour l’opinion commune, que le téléspectateur a seulement le temps de lire. Que signifie-t-elle ? Pour énormément simplifier, en comprenant comment un organisme se développe, de sa conception à sa forme finale, on peut comprendre comment évoluent les organismes vivants qui en sont des parentés. Homer fait parfois preuve d’une lucidité surprenante. Par exemple, dans Le blues d’Apu (s5), le vendeur du mini-marché raconte à Homer qu’il vend une méthode pour améliorer son karma3 : Homer lui répond instantanément et très justement : « tu peux pas vendre ça. Seul le cosmos peut s’occuper du karma», alors qu’une personne lambda aurait pu croire à ce qu’Apu disait, sans réellement comprendre de quoi il s’agit. Dans L’espion qui venait de chez moi (s1), Homer fait preuve d’une excellente analyse à la fois de la société américaine, mais aussi du débat acharné entre Adil, l’albanais qui loge chez les Simpson, et Adil: «S'il vous plaît les enfants, arrêtez de vous bagarrer. Peut-être que Lisa a raison de dire que l'Amérique c'est le pays où tout est possible mais peut-être qu'Adil a raison s'il dit que les rouages du capitalisme sont huilés avec le sang des travailleurs.» A chaque fois que les personnages sont à deux doigts d’atteindre une vérité, les scénaristes détournent notre attention par un gag ou une situation sans aucun point commun. A la fin d’Echec et maths pour les filles (s17) par exemple, la question des causes de la faible proportion de femmes parmi les grands mathématiciens et scientifiques, – explicite dès le titre de l’épisode – qui fait encore débat actuellement, est à deux doigts d’être résolue. Alors que Marge peine à démontrer que les femmes sont aussi intelligentes que les hommes et se contente d’affirmer de façon peu convaincante que certaines femmes ont été inventrices (Marge : « c’est une femme qui a inventé les essuie-glaces. » Homer : « Ce qui va super bien avec une autre invention d’homme, la voiture. »), puis explique qu’elle n’a jamais été capable de réaliser des calculs dans sa vie depuis qu’Homer l’a convaincue que le seul calcul qu’elle doive connaître c’est « toi plus moi égal pour toujours » (y voir le rôle du machisme de la société où la mère est censée s’occuper uniquement de la maison et des enfants), Lisa réussit à avoir de meilleurs résultats en mathématiques que tous les garçons de l’école et semble confirmer alors que les femmes sont autant aptes aux sciences que les hommes. Pourtant, Bart détruit toute cette hypothèse en montrant que c’est uniquement en raisonnant comme un garçon (Jake Boyman) que Lisa a pu obtenir ces résultats, ce que Lisa elle-même, si féministe soit-elle, finit par approuver. La masculinité serait-elle la condition d’une réussite en mathématiques? Lorsque Lisa est sur le point d’apporter une réponse conclusive: «Je crois que la vraie raison pour laquelle on ne voit pas de femmes en maths, et en sciences…», le professeur de musique, M. Largo la coupe:«Tu ne pourrais pas te dépêcher un peu ? Tu débordes sur le temps du prix du meilleur flûtiste !». Mais Lisa pourrait très bien poursuivre sa phrase! Pourtant, comme si elle n’en avait pas envie – d’ailleurs, elle marque un temps d’arrêt avant d’être coupée par Largo – elle en conclue simplement: «Bon, quelle que soit la réponse, je suis heureuse d’être une fille, et je suis heureuse d’être bonne en maths». Pas de réponse pour le téléspectateur... Du moins directement... Car, finalement, si elle ne tire aucun lien entre son essence (une fille) et ses capacités en maths: n’est-ce pas simplement parce qu’il n’y a pas de relation de causalité, et que la question des causes de la faible représentation des femmes en science est mal posée? Les scénaristes marquent leur volonté de «couper» avant d’avoir des réponses à des questions importantes, soit parce qu’ils n’osent pas s’engager et préfèrent laisser le téléspectateur se faire sa propre opinion, soit parce qu’ils ne peuvent apporter une seule réponse objective et unanime pour tout ce qui concerne les questions philosophiques (d’ailleurs, Kant montre dans la préface de la Critique de la raison pure que la seule idée qui a abouti à un élément de consensus pour tous les philosophes est l’idée de connaissance, qui « est un rapport à l’objet nécessitant l’existence de l’objet »). Parmi ces questions philosophiques, celle du sens de la vie est évoquée dans Homer l’hérétique (s4) : Homer : Dieu, je voudrais savoir une chose... C'est quoi le sens de la vie ? Dieu : (gentiment, prêt à céder) Homer, je ne peux pas te le dire... [Il pose sa main sur l'épaule d'Homer] Homer : (comme un enfant capricieux) Allez ! Dieu : Tu le découvriras quand tu seras mort... Homer : J'peux pas attendre si longtemps. Dieu : Tu ne peux pas attendre six mois ? [On voit les deux compères s'éloigner, au loin dans les nuages. Générique de fin] Homer : Non, dîtes-le moi maintenant... Dieu : (hésitant, lentement) Bon, d'accord. Le sens de la vie, c'est... La musique du générique commence aussitôt. En effet, comment compléter cette phrase autrement? Les philosophes se sont maintes fois posé cette question, et ont toujours été nuancés ou contredits par leurs successeurs. Le sens peut désigner aussi bien la direction, la trajectoire que la signification: ainsi certains pensent que notre destin est tout tracé et que l'homme suit un chemin prédéterminé, dans ce cas la vie perd toute signification; tandis que d'autres montrent que l'homme est libre, et que lesens de la vie réside dans la souffrance, dans le bonheur, dans le plaisir etc. Il n'y a jamais unanimité: seul Homer obtiendra la réponse, au même titre que Dieu. Dans bien des cas, grâce à sa philosophie de vie, Homer est seul à partager la vérité avec Dieu, ou s'approche fortement de la vérité, même s'il ne s'en rend pas toujours compte. N'oublions pas que ''savoir, c'est pouvoir'' (Nam et ipsa scientia potestas est = «En effet le savoir lui-même est pouvoir») d'après Francis Bacon: peut-être donc que si Homer a une vie aussi riche, ce n'est que parce qu'il détient de nombreuses vérités. Les savoirs restent souvent sans véritable réponse, simplement par totale ignorance, ou par un raisonnement insuffisamment développé. Prenons l’exemple d’Homer dans L’abominable homme des bois (s1) : est-il un homme ou un animal? La question de la définition de l’homme a fait couler beaucoup d’encre chez les philosophes, à nouveau sans trouver de réponse unique. «Le spécimen en question est soit un être humain extrêmement primaire, soit une bête très intelligente» comme l’affirme un scientifique à la télévision, après avoir analysé Homer, qui était confondu avec la créature Big Foot. Quoi qu’en soit sa véritable nature, Marvin Monroe résume le débat: «Après des analyses très poussées tant sur le plan anatomique que biologique, j'ai le regret de vous annoncer que la seule chose que nous pouvons affirmer, c'est qu'on ne peut rien affirmer. Cette chose peut ou peut ne pas être un être humain». Mais le raisonnement est tel qu’on doute de la nature véritable d’Homer: les études n’ont été faites que sur un plan anatomique et biologique (alors que le docteur Monroe est psychiatre!), c’est-à-dire que les scientifiques se sont à l’avance convaincu qu’il pouvait être un animal: aucune analyse psychologique n’a été faite, et ils ne se rendent même pas compte qu’Homer a un langage – même s’il demande à manger -. Seule une scientifique affirme qu’Homer est un homme par la «lueur d’intelligence qui brille dans ses yeux», mais cette opinion est vite reléguée au second rang. La connaissance ne domine jamais les dialogues des personnages: la phrase qui comporte une question importante ou actuellement irrésolue est la plupart du temps coupée avant d’obtenir la réponse. Le niveau intellectuel de certains personnages ne peut par ailleurs fournir des dialogues avec de très hauts niveaux de connaissance. Au mieux, nous avons droit à l’illusion du savoir. Lorsque les Simpson vont rencontrer les parents de Juliet qui sont universitaires (s20, Lisa la reine du drame), Homer ne trouve qu’une chose à dire : « Utilisez le plus possible de mots savants. Je garde “ordinateur”, Bart tu peux avoir “sonnette”. » Un très haut niveau de connaissance linguistique, pour faire illusion... Il est néanmoins curieux de voir à quel point Homer est souvent très proche de la vérité, bien que celui-ci n’en soit pas toujours conscient. Nous pourrions penser au passage où il discute avec Stephen Hawking autour d’une bière (Les gros Q.I., saison 10) lorsque le célèbre scientifique lui dit : « Votre théorie sur un univers en forme de donut m’intrigue beaucoup Homer. Je pourrais être amené à vous l’emprunter. » : en effet, l’univers serait selon les scientifiques de forme toroïdale – c’est-à-dire en forme de donut - : aucune chance qu’Homer ait entendu parler de ces recherches scientifiques, mais ses désirs et son expérience le guident vers la vérité. D’un niveau scientifique inférieur, dans L’enfer du jeu(s5), Homer est à nouveau très proche de la vérité, rien qu’en mettant des lunettes qu’il a trouvées dans les toilettes : il est capable de réciter le théorème de Pythagore (tout le monde n’en fait pas autant), même s’il se trompe de type de triangle (il parle de triangle isocèle au lieu du triangle rectangle, mais quelqu’un est là pour le corriger immédiatement). Mélange des savoirs, saveur amère Si le savoir n’est accessible ni aux téléspectateurs, ni aux personnages, ce n’est pas seulement le fruit de l’ignorance ou d’un mauvais raisonnement, mais c’est aussi le fruit d’une volonté de ne pas savoir certaines choses, la volonté de ne pas être dérangé par une vérité : l’illusion est en effet bien plus agréable et réconfortante, elle est ce qui permet à l’homme de survivre selon Nietzsche (cf catégorie « Vérité et Mensonge »). Ainsi, les personnages qui ne veulent pas être contredits par des faits objectifs et prouvés n’écoutent pas les arguments des autres : c’est le cas d’Homer qui pratique la prise de Monsieur Spock à Lisa pour éviter qu’elle ne réponde à son argument, dans Homer, garde du corps (s10) : Homer : Ah, chérie, ce que tu peux être naïve ! C’est comme ça que le monde tourne. Bien sûr que le maire reçoit des pots de vin, mais il fait aussi en sorte que les trains soient à l’heure. Lisa : Non, c’est pas lui. La circulation ferroviaire dépend du ministère des transports et une étude récente a montré que... [il lui fait la prise, elle s’évanouit] Homer tient ici à garder l’ascendant intellectuel (en soulignant la soi-disant naïveté de Lisa) sur son adversaire, à tout prix : au débat, Homer préfère souvent le combat. Moe, impulsif, physiquement et verbalement violent, choisir encore plus souvent le combat, au détriment du débat. Un autre exemple, plus flagrant, est évoqué dans Les ailes du délire (s9): au nom de la haine envers la science, et au nom de la religion protestante, les personnages ne veulent pas savoir certaines choses : Moe : La science ! Qu’est-ce que la science a fait pour nous !?... Coupure télé ! [La télé s’éteint automatiquement] Ned : La science est exactement comme les bavards qui vous gâchent un film en vous racontant la fin. Moi je dis qu’il y a des choses qu’on n’a pas envie de savoir, des choses importantes ! Dans ce même épisode (qu’il serait intéressant d’analyser intégralement), c’est soit l’ignorance, soit la faiblesse du raisonnement de chaque habitant de Springfield qui est mise en avant lors de la découverte d’un étrange squelette possédant des ailes et un corps humain. Chacun se cantonne à son domaine d’expertise, à ses propres connaissances (quand il en a), sans créer de débat fructueux, d’où pourrait émerger un éventuel savoir. En effet, Moe et Ned Flanders restent dans leurs superstitions et préfèrent croire qu’il s’agit d’un ange, Wiggum est représentatif de l’ignorance du peuple le domaine scientifique («tout le monde a déjà entendu parler des anges mais qui a entendu parler de «Néindertalle»? Ha ha!»). Hibbert, trop vénal, ne pense qu’à son propre intérêt, soit disant au nom de la science, l’avocat Lionel Hutz ne voit aucunement en ce squelette une question scientifique ou religieuse, mais un problème juridique. Même Lisa, qui semble vouloir trouver une solution rationnelle, reste dominée par sa volonté de lutter à tout prix contre la centrale nucléaire de Burns en allant jusqu’à imaginer qu’il s’agit d’un mutant, ou par sa volonté de découvrir quelque chose d’extraordinaire et donc d’être admirée, au lieu de voir qu’il s’agit d’os en plastique ! Enfin, Homer ne se pose aucune question, il ne réfléchit pas, il agit impulsivement comme à son habitude, en embarquant le squelette dans son coffre, mettant ainsi un terme à la discussion. L’impossibilité du débat est donc due à l’incapacité à partager ses connaissances, et aux désirs égoïstes de chacun. D’où une impossibilité de trouver des solutions aux problèmes, et à trouver un terrain d’entente. Dans Il faut Bart le fer tant qu’il est encore chaud (s6), Ned Flanders affirme à la réunion tenue à l’école entre les professeurs, les parents d’élèves et le principal Skinner : « eh bien, nous sommes tous d’accord pour dire... que nous ne sommes pas d’accord. ». Skinner et Edna Krapabelle répondent immédiatement « je ne suis pas d’accord ! » « moi non plus ! » : comme s’ils ne voulaient absolument pas trouver de solution, de compromis, et qu’ils souhaitaient rester dans le rapport de force gagnant-perdant, en s’obstinant à confronter les deux mêmes arguments : avoir de meilleures conditions matérielles oblige les parents à payer une taxe supplémentaire VS avoir de meilleures conditions matérielles est bénéfique à l’avenir de leurs enfants. Il faudra attendre que Bart les enferme tous les deux pendant des heures pour que la négociation aboutisse à une solution gagnant-gagnant (mettre des cellules de prison dans l’école leur permet d’avoir plus d’argent : solution gagnante pour les professeurs qui travaillent dans de meilleures conditions matérielles, et pour le principal qui peut se permettre de les payer aisément). Bien sûr, le compromis semble pour le téléspectateur avoir un bénéfice très limité (la négociation a plutôt empiré la situation pour les élèves) : Skinner et Krapabelle n’ont pas été capables d’adopter une approche systémique qui dépasse l’opposition thèse/antithèse ; ils se sont contentés d’une approche rationaliste qui réponde à un problème financier. Une solution plus adaptée aurait par exemple pu être d’organiser une kermesse pour récolter des fonds et qui soit profitable aux élèves. La série met donc en scène des discussions entre croyances, mysticisme, opinions, connaissances approximatives ou claires, à l’image des débats de notre société. Au téléspectateur de discerner le vrai du faux, de retrouver les traces de vérités dans les discours quotidiens, comme dans la vie réelle. A lui d’avoir une écoute active, d’éveiller sa curiosité en s’interrogeant sur chaque phrase, chaque passage qu’il ne comprend pas, au lieu rester comme une couch potato - à l’image d’Homer - devant sa série télévisée préférée. Le pari des scénaristes – dépeindre notre société dans une série animée divertissante – semble gagné. Et par la même occasion, celui de nous faire apprendre des choses à notre insu, l’est aussi. ![]() 1 savoir : d’après le TFLI, « Ensemble des connaissances d'une personne ou d'une collectivité acquises par l'étude, par l'observation, par l'apprentissage et/ou par l'expérience » 2 sur un top 10 des références scientifiques, voir http://www.sciencepresse.qc.ca/actualite/2007/07/29/science-simpson 3 karma : principe de l'hindouisme qui veut que la vie des hommes dépende de leurs actes et vies passés |